Samedi 15 février, les saisonniers des remontées mécaniques d’une quarantaine de stations de ski, et notamment de Megève, de Chamonix et des Houches, sont appelés à l’action pour protester contre la nouvelle méthode de calcul de leur indemnisation chômage. Un mouvement qui pourrait perturber le chassé-croisé des vacanciers et le bon fonctionnement des installations.
Le mouvement au Pays du Mont-Blanc
À Chamonix, la CGT propose un débrayage de 3 heures à la prise de poste. Par exemple, ceux qui commencent à travailler à 7h du matin, ne viendront pas avant 10h. “ En fonction du nombre de participants, un rassemblement sera peut-être organisé au pied des sites ”, explique Sylvain Cravéro, représentant du syndicat à la Compagnie du Mont-Blanc à Chamonix.
À Megève, la CGT locale a aussi lancé un appel à l’action, qui pourrait prendre plusieurs formes :
- Débrayage du personnel sur plusieurs remontées mécaniques.
- Fermeture de pistes le matin.
Dominique Gouron-Murador, représentante du syndicat à Megève, a également écrit au Directeur de la Compagnie du Mont-Blanc afin qu’il fasse remonter les revendications des saisonniers de l’entreprise au plus au niveau, et notamment au MEDEF, le Mouvement des Entreprises de France. Demande pour l’instant restée sans réponse.
Nouveaux calculs
La grogne porte sur le nouveau système de calcul des indemnités. Auparavant, un mois travaillé équivalait à un mois de cotisation. À partir du 1er avril, l’indemnisation sera calculée sur un salaire moyen annualisé. Par exemple, si une personne a travaillé 4 mois, elle touchera l’équivalent de 4 mois de rémunération divisé par 12. Ce qui amputera son assurance-chômage de 20 à 40 %.
Par ailleurs, depuis le 1er novembre 2019, pour avoir droit au chômage, il faut avoir travaillé 130 jours (910 heures soit 6 mois) sur les 24 derniers mois (contre 4 mois sur les 28 derniers mois avant). Et, pour bénéficier du rechargement de ses droits, il faudra avoir travaillé 6 mois minimum. Alors que les saisons ne durent bien souvent que 4 à 5 mois.
Antoine Fatiga, de la CGT de Haute-Savoie, craint que le statut de saisonnier ne soit plus du tout attractif. Dans une interview au Dauphiné Libéré, il estime que “les travailleurs pourraient à l’avenir chercher des emplois à plein temps. Le recrutement en station, déjà très difficile, pourrait alors empirer. Ce qui pourrait pousser les employeurs à se tourner vers de la main d’oeuvre non déclarée.”
Autre motif de préoccupation : l’éventuelle disparition de la Convention Collective des Remontées Mécaniques. Cette dernière pourrait être absorbée par celle du tourisme ou du transport. La reconduction tacite des contrats d’une année sur l’autre, si la première saison s’est bien passée, pourrait disparaître, rendant le statut de saisonnier encore plus précaire.