Aux origines
C’est en 2000 qu’émerge l’idée de lancer l’Eau de Megève. Enfin, de relancer le projet plutôt, car dans les années 1900, la source Saint Michel au pied du Calvaire, était exploitée et son eau commercialisée. La marque « Eau de Megève » est déposée en 2000, à l’initiative du Maire et du Directeur de l’Office de Tourisme de l’époque, Gérard Morand et Marc Béchet.
En 2014, Sylviane Grosset Janin octroie, avec son Conseil Municipal, la concession de la marque à Dominique Muffat-Méridol.
Ce dernier entame de longues démarches administratives afin d’obtenir l’autorisation d’exploiter une source, nommée La Taverne, sur le domaine de la Sasse. Il faut montrer patte blanche auprès du CoDERST (Conseil de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques), de la DTT (Direction Départementale des Territoires), de l’ARS (l’Agence Régionale de Santé).
« Mme Jullien Brèches, maire de Megève, affirme qu’elle a soutenu mon dossier devant l’ARS. Elle n’a en réalité aucune influence sur cet organisme. Seules la qualité du dossier et des analyses d’eau peuvent valider ou invalider un projet, et c’est la Préfecture qui a le dernier mot », affirme Dominique Méridol.
Les travaux d’aménagement commencent, un petit atelier d’embouteillage est installé dans un bâtiment existant. En 2016, la Préfecture de Haute-Savoie délivre (enfin) une autorisation d’exploitation.
Escalade judiciaire
Tous les feux sont au vert. La production de l’Eau de la Sasse peut démarrer. Las, en 2016 toujours, la tante de Dominique porte plainte contre son neveu pour création d’une route illégale, sur un terrain attenant à la Ferme de l’Eau, terrain qu’elle possède. La justice lui donnera tort, car cette voie d’accès existait depuis 1962.
Qu’importe, la municipalité ne prend pas la peine de vérifier, lui retire la concession de la marque « Eau de Megève » et signe 7 procès verbaux. Parmi lesquels « extension illégale de bâtiment » ou « captage non recouvert de terre ».
Un an plus tard, le procureur du Tribunal de Bonneville invite la Mairie de Megève, Dominique Muffat-Méridol et sa tante, à une médiation pénale en urbanisme. « Sur les 7 infractions, quatre ne sont même pas évoquées, et 3 seulement sont traitées ce jour-là », explique le propriétaire de la source. « J’apporte rapidement les preuves que tout est conforme et repars assez serein, en me disant que l’affaire serait rapidement classée. »
Il n’en est rien. En 2018, un huissier lui remet une missive. La Cour Correctionnelle de Bonneville le convoque pour répondre des fameux 7 procès verbaux.
Absences
L’audience a lieu le 4 octobre 2018. À la barre, Dominique Muffat-Méridol, son avocat… et personne d’autre. « La Mairie et ma tante ne se sont même pas déplacées ! Nous attendions pourtant leurs conclusions ! » s’insurge l’exploitant de l’Eau de la Sasse. « Dans un message sur les réseaux sociaux, Mme le Maire, Catherine Jullien-Brèches sous-entend qu’elle n’est pas venue pour me rendre service… c’est inadmissible ! » La condamnation tombe : « Je devais tout détruire et payer 500 euros d’amende par jour de retard. Mon nom devait être cité dans la presse et affiché sous le porche de la mairie. » Le jugement met plusieurs mois à lui parvenir. Il fait appel.
Le dénouement
La production d’eau continue, car la décision de justice n’est pas suspensive. Mais il faut vivre avec la crainte que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Que les installations peuvent être démontées. « Là encore, le Maire fait de la désinformation en communiquant qu’elle a choisi de ne pas agir pour faire arrêter les travaux. Ils étaient déjà terminés. Ou qu’elle a plaidé pour régulariser des constructions illégales. La route préexistait et une annexe a été rénovée et non pas construite. »
Une audience est programmée pour le 8 janvier 2020 devant la Cour Correctionnelle d’Appel de Chambéry. Une nouvelle fois, la mairie brille par son absence. Par contre le représentant de la DTT est présent, plaide pour la confirmation de condamnation et la destruction des installations. Le 12 février, c’est la délivrance. Aucune des 7 infractions n’est retenue. L’Eau de la Sasse va donc pouvoir partir à la conquête du monde. 80 000 bouteilles sont en stock. La production recommencera au printemps, à la fonte des neiges.