Yterbine, Théano, Centauresque… Ils ont des noms quasi-mythologiques, ces gens de bronze qui dorment sous la neige au centre de la Perle des Alpes. Ces corps charnus et puissants, que l’on dirait tout droit sortis d’une toile de Picasso, évoquent le désir, la sensualité, la plénitude de la chair et la force. Leur pygmalion, Dominique Pollès, est l’inventeur du cubisme organique. Passionné par l’anatomie, il fait un passage par l’université de médecine tout en suivant des cours à l’Académie Charpentier à Paris. En 1966, il découvre la sculpture et crée sa première œuvre en prenant une de ses amies pour modèle. Il ne cesse, depuis, de réinventer et réinterpréter le corps des femmes.
Artiste et Artisan
De l’ébauche en terre à la patine, en passant par le coulage du métal, Pollès sait tout faire ! Il fabrique ses outils et a construit sa fonderie à Pietrasanta en Toscane, dans la maison-atelier qu’il occupe depuis 50 ans, auprès des maîtres de la région de Carrare. L’artiste cisèle, lime, taille, tranche, soude, ponce et patine… non pour additionner un nouveau détail à la forme mais pour en soustraire. Il se définit comme un « obstétricien de la forme, cherchant incessamment à capter des volumes, des lignes, des angles et des voûtes pour cristalliser par l’instant dans l’éternité. »
Corps de déesse
Ces Vénus de métal sont modelées par l’artiste en utilisant la technique multi-millénaire de la cire perdue. Deux semaines de cuisson sont nécessaires pour que la paraffine cède la place au cuivre et à l’étain. Une fois le moule brisé, la forme brute doit encore passer par l’épreuve du feu. Dorée à la flamme puis cirée, elle arbore un fini velouté et irisé, du mordoré au bleuté… Une véritable parure de déesse.
Jusqu’au 15 avril. En collaboration avec la Galerie De Souzy – Paris.